Blaise Pascal
Mathématicien, physicien, philosophe et écrivain français
(Clermont-Ferrand 1623 ~ Paris 1662)




Pensées (posth.), 4.
[...] la vraie morale se moque de la morale [...]
Pensées (posth.), section II - Misère de l'homme sans Dieu, 72.
Car enfin, qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout.
Pensées (posth.), section II, 100.
La vie humaine n'est qu'une illusion perpétuelle ; on ne fait que s'entre-tromper et s'entre-flatter. Personne ne parle de nous en notre présence comme il en parle en notre absence. L'union qui est entre les hommes n'est fondée que sur cette mutuelle tromperie ; et peu d'amitiés subsisteraient, si chacun savait ce que son ami dit de lui lorsqu'il n'y est pas, quoiqu'il en parle alors sincèrement et sans passion.
Pensées (posth.), 80.
D'où vient qu'un boiteux ne nous irrite pas, et un esprit boiteux nous irrite ? A cause qu'un boiteux reconnaît que nous allons droit, et qu'un esprit boiteux dit que c'est nous qui boitons.
Pensées (posth.), 82.
Imagination. - C'est cette partie décevante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours ; car elle serait règle infaillible de vérité, si elle l'était infaillible du mensonge.
Pensées (posth.), 168.
Divertissement. Les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n'y point penser.
Pensées (posth.), 253.
Deux excès : exclure la raison, n'admettre que la raison.
Pensées (posth.), 267.
La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent.
Pensées (posth.), 277.
Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point.
Pensées (posth.), 278.
C'est le coeur qui sent Dieu, et non la raison. Voilà ce que c'est que la foi : Dieu sensible au coeur, non à la raison.
Pensées (posth.), 347.
L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui ; l'univers n'en sait rien.
Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C'est de là qu'il faut nous relever et non de l'espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale.

>> Voir le mot d'esprit de Jules Renard : "La femme est un roseau dépensant", inspiré de cette pensée de Blaise Pascal.
Pensées (posth.), 358.
L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête.
Pensées (posth.), 384.
Ni la contradiction n'est marque de fausseté, ni l'incontradiction n'est marque de vérité.
Pensées, 404.
La plus grande bassesse de l'homme est la recherche de la gloire, mais c'est cela même qui est la plus grande marque de son excellence ; car, quelque possession qu'il ait sur la terre, quelque santé et commodité essentielle qu'il ait, il n'est pas satisfait, s'il n'est dans l'estime des hommes. Il estime si grande la raison de l'homme, que, quelque avantage qu'il ait sur la terre, s'il n'est placé avantageusement aussi dans la raison de l'homme, il n'est pas content. C'est la plus belle place du monde, rien ne le peut détourner de ce désir, et c'est la qualité la plus ineffaçable du coeur de l'homme.
Et ceux qui méprisent le plus les hommes, et les égalent aux bêtes, encore veulent-ils en être admirés et crus, et se contredisent à eux-mêmes par leur propre sentiment ; leur nature, qui est plus forte que tout, les convainquant de la grandeur de l'homme plus fortement que la raison ne les convainc de leur bassesse.

Pensées (posth.), 421.
Je blâme également, et ceux qui prennent parti de louer l'homme, et ceux qui le prennent de le blâmer, et ceux qui le prennent de se divertir ; et je ne puis approuver que ceux qui cherchent en gémissant.
Pensées (posth.), 430.
Il y a assez de lumière pour ceux qui ne désirent que de voir, et assez d'obscurité pour ceux qui ont une disposition contraire.
Pensées (posth.), 455.
Le moi est haïssable.
Pensées (posth.), 534.
Il n'y a que deux sortes d'hommes : les uns justes, qui se croient pécheurs ; les autres pécheurs, qui se croient justes.
Pensées (posth.), 871.
La multitude qui ne se réduit pas à l'unité est confusion ; l'unité qui ne dépend pas de la multitude est tyrannie.
Pensées (posth.)
Cette guerre intérieure de la raison contre les passions a fait que ceux qui ont voulu la paix se sont partagés en deux sectes. Les uns ont voulu renoncer aux passions, et devenir dieux ; les autres ont voulu renoncer à la raison, et devenir bêtes brutes. Mais ils ne l'ont pu, ni les uns ni les autres ; et la raison demeure toujours, qui accuse la bassesse et l'injustice des passions, et qui trouble le repos de ceux qui s'y abandonnent ; et les passions sont toujours vivantes dans ceux qui veulent y renoncer.
Pensées (posth.)
Il ne faut pas que l'homme croie qu'il est égal aux bêtes, ni aux anges, ni qu'il ignore l'un et l'autre, mais qu'il sache l'un et l'autre.
Pensées (posth.)
Les belles actions cachées sont les plus estimables.
La nature a des perfections pour montrer qu'elle est l'image de Dieu et des défauts pour montrer qu'elle n'en est que l'image.
L'homme qui n'aime que soi ne hait rien tant que d'être seul.
C'est une maladie naturelle à l'homme de croire qu'il possède la vérité.
Les Provinciales, 12e lettre
Tous les efforts de la violence ne peuvent affaiblir la vérité, et ne servent qu'à la relever davantage. Toutes les lumières de la vérité ne peuvent rien pour arrêter la violence, et ne font que l'irriter encore plus.
Les Provinciales, 12e lettre.
La vérité subsiste éternellement.
Les Provinciales, 11e lettre.
Etrange zèle, qui s'irrite contre ceux qui accusent des fautes publiques, et non pas contre ceux qui les commettent !
Pensées sur la religion
Curiosité n'est que vanité. Le plus souvent, on ne veut savoir que pour en parler.
Pensées sur la religion
La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique.
Dire la vérité est utile à celui à qui on la dit, mais désavantageux à ceux qui la disent, parce qu'ils se font haïr.
Ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force.




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